Le blues des enseignants

Durant nos visites d’écoles, nous avons rencontré des instituteurs et institutrices très concernés et amoureux de leur travail. Cependant, tous soulèvent avec inquiétude les problèmes liés à l’Education Nationale.

En effet, depuis plusieurs années, l’Etat se désengage vis à vis de l’éducation. Il n’y a plus de construction de nouvelles écoles, alors que le nombre d’enfants augmente rapidement.

Une politique générale de décentralisation a été mise en place. Ce qui signifie que se sont les communautés rurales qui doivent trouver le financement. La construction d’une salle de classe coûte de 20 000 à 30 000 francs français et l’équipement en tables, chaises et tableau coûte cher. Cela est donc difficile à supporter pour des villages qui ont de très faibles moyens. Les parents d’élèves sont mobilisés pour trouver des solutions. Mais tout manque. L’Etat ne donne que de faibles budget de fonctionnement. Par exemple, pour une école de 13 classes, de plus de 900 élèves, le budget est de 1500 francs pour un an. C’est très peu, même l’achat de craie pose problème…

Depuis plusieurs années, le statut d’instituteur se détériore. Auparavant, il fallait passer 3 ans à l’Ecole Normale (après le bac) pour pouvoir enseigner. L’Etat a fermé cette école et nomme des " volontaires " n’ayant que le bac et aucune réelle formation pédagogique. Ils sont payés seulement 500 francs français par mois (alors que les instituteurs formés touchent 1500 francs français). La qualité de l’enseignement est donc en baisse et les salaires sont bloqués. Nous avons constaté une démotivation des enseignants qui se sentent abandonnés par l’Etat. A propos des effectifs surréalistes, tous nous ont dit que s’ils n’avaient que 30 élèves ils feraient " des miracles ".

Pour un village, le seul espoir est de trouver des financements extérieures ( ONG étrangères, partenariat privé,…). A ce sujet, les instituteurs, les parents d’élèves et les chefs des villages de N’dioudiouf et de Fayako nous ont répété leur reconnaissance envers le Club Sénégal de Montoir et Madame Marciniak (que tout le monde connaît dans la région). Ils se sentent soutenus et tiennent à donner à leurs enfants un maximum d’espoir.

 

Aller à l’école au Sénégal a une signification énorme. Un long travail de fond auprès des populations leur a fait comprendre de son importance (ce qui n’est pas acquis partout). Mais cela demande de gros sacrifices pour les familles et les villages. Les enfants en ont conscience, ils aiment l’école. Ils s’accrochent et nous avons voulu leur donner un humble message d’encouragement, en leur disant qu’il faut bien travailler malgré les difficultés.

 

 

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