Traversée du désert : 8 jours d’aventures

Dès que l’on se trouve au sud d’Agadir au Maroc, le paysage change. Très vite la végétation disparaît et laisse place à un désert de pierre. C’est le début du Sahara Occidental. Des kilomètres de lignes droites pour rejoindre Dakhla. Seules des villes apparaissent comme des mirages (Tan-Tan, Tarfaya, Laâyoune). Entre, des kilomètres sans personne (ou presque). Puis c’est le convoi militaire, le désert Mauritanien. Voici un dossier spécial Traversée du désert qui vous fera vivre une partie de cette incroyable descente vers le sud…le grand sud.

selec 1.jpg (53768 octets)

48 heures sur la route interdite.

Dakhla, extrême sud du Sahara Occidental, pays fantôme, dernière étape avant de prendre la route interdite.

Le passage de la frontière Maroc-Mauritanie n’a rien à voir avec toutes les autres frontières au monde. Compte tenu du conflit qui existe dans cette région (voir article Mauritanie) la route est officiellement fermée.

De la Mauritanie vers le Maroc la seule solution est de passer clandestinement. Mais dans le sens Maroc vers la Mauritanie, une solution " officieuse " existe :

Deux fois par semaine (le mardi et le vendredi), un convoi, encadré par l’armée marocaine, est organisé. Ce convoi traverse une zone minée, revendiquée par ces deux pays qui sont en conflit depuis plusieurs décennies.

 

Image1.jpg (34695 octets)

Image2.jpg (31603 octets)

Pour passer en Mauritanie, il faut arriver à Dakhla au minimum la veille du départ du convoi. Commence alors un circuit administratif infernal à travers Dakhla pour se faire enregistrer par l’armée, la douane et la police. Il faut également faire le plein d’essence et de nourriture. Il ne faut pas également oublier de remplir les jerricans d’eau et d’essence.

Le lendemain, le ralliement est fixé à 10 heures à la sortie de la ville. A partir de ce moment là, les photos sont interdites. Ce jour là, 80 voitures et camions étaient au rendez-vous. Certains véhicules sont impressionnants. Beaucoup de français, quelques nordiques, américains, espagnols. Nous faisons connaissance avec nos compagnons. Il y a des jeunes, des aventuriers, des baroudeurs, des habitués et des novices…Ou tout cela à la fois…

Après s’être fait à nouveau enregistrer par les autorités, le départ est donné vers 14 heures. Les militaires roulent devant et la chevauchée fantastique commence. Les 80 véhicules foncent sur cette route en bon état, à travers un paysage désertique fantastique.

La première journée se passe sans problème ni difficulté de conduite.

Image3.jpg (28471 octets)

Image4.jpg (26221 octets)

A la tombée de la nuit, après 250 km le convoi est arrêté dans un camp militaire. Nous sympathisons avec des danois, des anglais et des français. Tout le monde échange ses impressions. L’ambiance est bonne.

Nous sommes quelques uns à prendre possession d’une petite baraque en nous disant que la nuit va être formidable. Après un repas fait de pain, de vache qui rit (et qui transpire), de dattes et de figues, nous décidons de nous coucher.

Au réveil, à 5 heures, nous nous activons pour la dernière ligne droite avant le poste frontalier mauritanien.

Toutes les voitures se positionnent sur la route. Une journée terrible nous attend. En effet, la route s’arrête rapidement, laissant place à une piste en très mauvais état. Seulement 15 km plus loin, le convoi est arrêté une première fois. C’est le début d’une longue série. Nous sommes à la limite du territoire occupé par les Marocains.

Après une dernière formalité, un militaire nous salue de la main avant de replacer une barrière en taule au milieu de la route. Etrange impression de No Man’s Land. Nous sommes livrés à nous même. Les deux camps gardent leurs distance. La tension entre les deux pays se fait sentir.

Cette zone aux frontières informelles, est revendiquée par les deux pays. Elle a été minée par les mauritaniens. Il ne s’agit pas d’aller flâner dans les dunes voisines. 2 américaines dans le besoin et inconscientes se font rappeler à l’ordre. Plus personne ne sait où se trouvent les mines car le sable les déplace. Quelques témoignages et quelques carcasses nous dissuadent de nous aventurer hors de la piste.

Image10.jpg (22847 octets)

Image6.jpg (21060 octets)

Quelques 2km plus loin, les militaires mauritaniens nous attendent. Nous savons que l’accueil ne va pas être très sympathique. C’est juste à ce moment là que notre 4X4 commence son numéro de Klaxon. Lui qui refusait ostensiblement de fonctionner (voir article insolite) se met soudainement à klaxonner tout seul, au grée des coups de volant à gauche et des secousses… ça nous fait rire, mais pas le militaire mauritanien qui nous interpelle violemment " Qu’est ce qu’il y a toi ? ". Nous levons les bras pour montrer que nous n’y sommes pour rien.

La vue de la mitraillette et nos bras levés pourraient laisser croire que nous sommes dans un sale pétrin. Mais nous gardons tout de même le sourire…

Commence alors un long trajet interrompu par de longues attentes. Il y a plusieurs passages périlleux. Les véhicules passent un par un et nous devons attendre le passage de tous pour repartir. Il faut pousser les voitures plantées dans le sable. La route est mauvaise, mais la solidarité fonctionne. Nous sympathisons avec beaucoup de personnes durant les moments d’attente. Après les obstacles naturels, nous devons tous passer les obstacles des autorités (très autoritaires). 5 km, contrôle de l’armée, une heure d’attente. 3km, contrôle des douanes, une heure d’attente, 2 km contrôle final de la police (2 heures d’attente). Une rumeur circule dans le convoi : certains disent que nous allons passer une nouvelle nuit dans le désert, car nous avons pris du retard.

A 22 heures, c’est le bouchon final (dernier contrôle de police). Un incroyable " bordel organisé " sollicite nos nerfs. Les douaniers mauritaniens ne sont pas aimables.. De nombreux rabatteurs tentent de vous attirer dans leur campement. Il y a de la tension. Finalement à 23 heures nous sommes libres et filons vers Nouâdhibou la première ville après ce No Man’s Land de sable, de pierres et de mines anti-personnelles.

Certains y ont laissé des plumes (mécanique et argent). Au passage d’une dune, nous avons vu pour la première fois une voiture (une 505) décoller ses 4 roues pour un vol plané impressionnant. Heureusement le sable a limité l’impact… Nous avons vu la carcasse d’un 4X4 qui a explosé sur une mine il y a quelques années, à seulement 10 mètres de la piste (le conducteur avait fait demi tour pour porter secours à son ami planté dans une dune). Nous avons rencontré toutes sortes d’aventuriers sympa.

A Nouâdhibou, après avoir vainement cherché un morceau de pain pour accompagner notre vache qui rit (qui était bien fatiguée ce soir là, elle aussi), nous sommes partis nous coucher.

Nous réalisions seulement à cet instant que nous avions mis 20 heures pour effectuer seulement 50 Km. Pourtant le Maroc semblait déjà loin. Nous nous sentions heureux d’avoir participé a cet incroyable convoi. Pourtant nos pensées étaient déjà tournées sur l’avenir. Le lendemain, il fallait à nouveau passer dans différentes administration, trouver un guide et des camarades pour organiser cette autre partie du désert entre Nouâdhibou et Nouakchott la capitale… La vie est un éternel recommencement paraît-il ?

Suite

Sommaire